On ne peut plus parler de matières textiles sans parler d’écologie. Trouver de nouvelles matières textile ou les fabriquer de façon plus responsable et écologique est devenu essentiel pour la planète.
Quelles sont les tendances en matière de developpement de nouvelles matières textiles? Certaines plantes anciennes retrouvent un essor ces dernières années. On cherche également de nouvelles plantes desquelles on pourrait extraire des fibres pour en faire des textiles. La dernière tendance est le biotextile.
1/ LES TEXTILES qui connaissent un nouvel essor
Certains sont connus depuis des siècles.
Le chanvre
Utilisée depuis le néolithique, son utilisation revient en force. Cette plante pousse très rapidement. Robuste, elle exige donc peu de pesticides mais a une grande capacité d’absorption du CO2. La culture du chanvre entretient les sols.
L’ortie
Courante au moyen age et aussi à l’âge du Bronze, la soie et le coton l’avaient remplacée. L’ortie est une plante vivace qui pousse facilement et ne nécessite pas de produit polluant..
La ramie
La Ramie, est utilisée dans de nombreuses civilisations depuis plus de 5000 ans, et peut-être même depuis les pharaons! Mais, aujourd’hui, mondialisation oblige, elle est cultivée principalement en Amérique du Sud. Elle est importée en Italie où elle est transformée.
L’apocyne
L’apocyne est une plante vicace très commune en Amérique du nord et en Chine.
Traditionnellement , elle était utilisée par les Amérindiens auxquels elle servait pour tisser pour fabriquer des vêtements et des filets de chasse. En effet, d’aspect soyeux, elle est aussi douce que le coton et aussi résistante que le lin. Elle n’est plus cultivée qu’en Chine. Ses atouts sont : bactériostatique, régule la tension artérielle, biodégradable et contribue à lutter contre la desertification.
Le lotus
Fabriquée à partir de fils tirés des tiges des fleurs, la soie de lotus est devenue un produit très recherché sur le marché mondial de la haute couture.
Le Lotus est une plante aquatique. Elle préserve l’ensemble de l’éco système dans lequel elle se développe, tant l’eau, que la faune et la flore qui l’entourent. Le lotus devient vraiment une fibre végétale parfaite quand elle est teintée avec des teintures naturelles!
Ses qualités sont d’être imperméable, pratiquement infroissable, lavable, aéré, anti-transpirant, d’une infinie douceur au toucher. Et la grande richesse également de ce tissu est d’être le plus écologique au monde. Les méthodes de tissage sont restées traditionnelles et manuelles inspirées de techniques anciennes.
2/ LES NOUVEAUX TEXTILES VEGETAUX
On a rien fait de mieux que la nature. C’est pourquoi on voit beaucoup de recherches de fibres issues de végétaux ou d’éléments vivants.
La fibre de tourbe
Bien qu’elle recouvre 3 % de la surface terrestre, surtout dans l’hémisphèrere nord, elle n’est récoltée qu’à 0,1 % pour en faire du combustible, du fertilisant ou de la fibre. On la trouve sous le nom d’Eriotex depuis les années 1990. La société finlandaise Kulturve la developpe. La fibre de tourbe possède des propriétés isolantes et de légèreté. Elle est deux fois plus chaude que la laine à laquelle elle est fréquemment mélangée. Elle ne necessite aucun traitement chimique ni antiseptique, hypoallergénique, très absorbante et thermo-isolante.
Le cuir de cactus
Le cuir de cactus est en réalité un mélange organique entre les feuilles de Nopal et le coton, ce qui en fait une matière partiellement biodégradable. … Son toucher et son apparence ressemble en tout point au cuir animal traditionnel.
Son empreinte écologique est moins impactante qu’une fibre synthétique. En effet, cette plante ne nécessite pas d’eau pour se développer. De plus, il en existe un grand nombre à travers le Monde”.
TEXTILES ISSUS DE DECHETS ALIMENTAIRES OU DE RESIDUS AGRICOLES
Parmi les nouvelles amtières textiles, plusieurs grandes tendances révolutionnent le secteur du textile et de la fibre en général. Il s’agit de se servir de déchets alimentaires pour créer des textiles.
De nombreuses entreprises du secteur textile ont fait des paris fous de dévéloppement textile. On en voit déjà dans les collections de mode. De la salade de fruits à nos vêtements et nos chaussures, il n’y a qu’un pas avec l’utilisation après récolte de feuilles de banane, de pomme, de raisin ou d’orange. Des avancées prometteuses qui conjuguent upcycling et économie circulaire. Et les ventes de ces textiles explosent en 2020!
La banane
La Soie de Banane est aussi une alternative au coton, produite pour le 1/4 de sa production mondiale en Inde. Alors les résidus de bananeraies ne manquent pas !
Elle est issue de la base des feuilles du bananier. Le bananier étant déjà chargé en eau, il n’a pas besoin d’apport supplémentaire, ce qui demande une consommation d’eau réduite quasiment à néant.
L’ ananas
La fibre d’ananas issue des feuilles était traditionnellement utilisée aux Philippines pour être tissée et faire des vêtements. Un cuir d’ananas a été conçu il y a quelques années provenant aussi de la fibre des feuilles achetées après récolte de la plante. Le cuir d’ananas dénommé Pinatex R est un textile non tissé utilisé en maroquinerie ou dans la chaussure.
Il existe également la « soie d’ananas« qui un textile à base de feuilles d’ananas et de soie ( issus de vers à soie). Celui-ci est tissé.
La pomme
On se sert de déchets de pommes cultivées pour l’industrie agroalimentaire pour fabriquer le cuir de pommes. Ce cuir est surtourt utilisé dans la chaussure et la maroquinerie. Il est produit en Italie et est appelé Apple Ten Lork ou Apple skin.
L’orange
La fibre d’orange est développée à partir de déchets d’agrumes. Elle a été utilisée chez Salvatore Ferragamo dans une de ses collections. Ce tissu est mélangé avec de la soie .
Le café
Singtex Industrial récupère les marcs de café utilisés pour créer le S CaféR, intégré à d’autres fibres pour faire des vêtements.
Le cuir de raisin
L’entreprise italienne VEGEA crée le cuir de raisin VEGEA à partir de résidus de grains et de peaux issus de la transformation du raisin en vin.
La fibre de coco
C’est une fibre ancienne largement utilisée depuis dans l’Antiquité, majoritairement produite en Inde. la fibre provient des noix de coco mûres. On la mélange à du coton. Elle ne nécessite pas de traitement chimique et est recyclable, donc, elle est intéressante.
Il existe même de la laine de coco. On la fabrique à partir de la fermentation de déchets de noix de coco liquides.
La fibre de Lait
La fibre de lait est issue de la caséine du lait. On utiliser cette fibre soit seule, soit mélangée à de la soie ( appellée « Silk Milk »). Elle est assez onéreuse. Ce n’est pas une idée neuve d’utiliser le lait. D’ailleurs, on peut se demander si c’est une matière écologiquement responsable : elle provient de l’élevage industriel. Toutefois, on récupère le lait périmé. De ce point de vue là, c’est la valorisation d’un déchet qui rend le produit intéressant.
Saviez- vous qu’il était possible de faire du cuir à base d’olives? Savez-vous également que des essais sont en cours pour créer des textiles à partir de la bierre ?
A suivre très prochainement .. On fait confiance aux industriels pour explorer de nouvelles pistes..
LES TEXTILES ARTIFICIELS
A contrario de l’idée qui serait que tout ce qui est végétal est nécessairement meilleur pour la planète, de nombreuses fibres issues de végétaux ne sont pas écologiques à cause des traitements qu’elles subissent.
Le bambou fait partie de ceux-là.
Le bambou
Il ne s’agit pas de la plante elle-même qui est économique : elle pousse vite, avec 4 fois moins d’eau que le coton et l’utiliser permet d’éviter de s’attaquer aux arbres (feuillus) qui poussent beaucoup plus rapidement. Toutefois, on utilise très peu la fibre de façon naturelle. On la produit majoritairement grâce à des procédés de traitement tels que la vapeur et l’ébullition pour obtenir finalement de la viscose de bambou. C’est pour cela qu’on le classe dans les fibres artificielles.
En effet, les fibres artificielles proviennent de ressources naturelles mais sont traitées en utilisant des procédés chimiques. Parmi les fibres artificielles se trouvent le Lyocellr , ( réalisé à partir de cellulose d’eucalyptus, de pin ou autre), le Modalr ( réalisé à partir de cellulose de hêtre) qui sont devenus communs dans le Prêt-à-porter mais aussi les dérivés de soja ou de maïs. On les apprécie pour leur résistance et leur effet “soie”, tout en ayant les avantages du synthétique : stable au lavage, infroissable, durable.
Connaissez-vous le Soycell? Il s’agit de fibre tirée du soja.
Le soja
Issu de la protéine du soja, cette fibre veloutée et fluide donnerait la peau douce. Elle s’appelle le SoycellR. Toutefois, le Soja dont la culture est assez facile nécessiterait le recours aux OGM. Cette fibre a beaucoup d’atouts : isolante, elle conserve bien la chaleur, mais favorise aussi le transfert d’humidité de la transpiration vers l’extérieur. Elle est antibactérienne, résistante aux déchirures et rapide à sécher.
Mais connaissez-vous l’IngeoR ?
Le maïs
L’ingéoR est fait à partir du sucre du maïs fermenté puis chauffé et traité chimiquement pour donner naissance à un polymère biodégradable. Cette nouvelle matière textile ainsi obtenue est aussi résistant aux tâches. La société Nature Works a mis au point ce fils. La fibre permettrait une grande résistance . De plus, elle absorbe l’humidité et régule la température du corps.
Le crabe
Le CRABYONR est une nouvelle matière textile issue du mélange de poudre de carapace de crabe et de fruits de mer et de viscose ou de coton. La structure de la poudre de crabe est similaire à de la cellulose. La fibre est polyvalente et se teint facilement. Elle a des performances antibactériennes et antimicrobiennes, est douce au toucher et a de grandes qualités d’absorption d’humidité.
Les algues
Le SeaCell® est une nouvelle matière textile fabriquée à partir de poudre d’algues brunes et de cellulose. La fibre favorise l’évacuation de l’humidité et aussi l’absorption. Elle est infroissable. Les substances renfermées par les algues ont des propriétés anti-inflammatoires, calment les démangeaisons et distillent calcium, magnésium et vitamine E. Cette fibre est et resistante au feu. La fibre est biodégradable. La culture d’algues ne nécessite pas beaucoup d’espace et pas de pesticide. En conclusion, les fibres naturelles sont multiples et interessantes. Mais parfois il faut y regarder de plus près avec tous ces mélanges chimiques ou pétrochimiques. ce qui est issu d’un procédé chimique ne présente pas que des inconvénients et tout n’est pas forcément à jeter.
LES BIOTEXTILES
Quand on parle de Biotextiles , on parle de créer de nouvelles matières textiles en laboratoire; on appelle cela du « Biosourcing« . On utilise des matériaux naturels et biodégradables, transformés en matière propre ou développés en laboratoire. A partir de micro-organismes vivants (levures, protéines, algues, bactéries…) , on met au point des cellules qui, en se reproduisant, forment une substance transformable en textile ( tissu ,fil, fibre, ou bio polymer).
Les champignons
Mylor est une alternative au cuir à base de mycélium de champignon et un fil de “soie” élaboré à partir des protéines présentes dans les fils d’araignée. Il conserve les atouts de la soie (flexibilité, thermorégulation et douceur), sans impact sur les animaux et avec un impact moindre sur l’environnement, car Microsilkr et Mylor sont biodégradables.
La fibre de soie d’araignée
On l’appelle BiosteelfibersR. Il s’agit de soie d’araignée synthétique: de l’ADN d’araignée modifie une bactérie en bactérie de soie en laboratoire par un procédé de fermentation. La fibre est très resistante mais pour l’instant très peu de quantités de soie ont été fabriquées.
Le Monde du textile est en pleine révolution. Chaque jour voit apparaitre le lancement de nouvelles matières textiles toujours plus inimaginables… peut-être enfin une prise de conscience ..
Vous pourrez lire également l’article sur LES DIFFERENTS TYPES DE TEXTILE ou l’article sur LES SALONS OU FOURNISSEURS TEXTILE.